Pour un féminisme révolutionnaire!

SUISSE: REVENDICATIONS FÉMINISTES

Prise de position du collectif féministe des personnes en formation CFPF, Genève 2019.

Le collectif féministe des personnes en formation (dont l'acronyme est CFPF) s’est créé en début d’année scolaire à Genève afin de nous organiser en vue de la grève féministe du 14 juin prochain. Grâce aux nombreuses associations féministes déjà présentes à l'Université de Genève, les contacts se sont vite créés et ont aussi permis d'élargir nos horizons aux divers lieux de formation. La première réunion s'est déroulée en novembre avec plein de personnes motivée.x.s[1] et unanimes sur la nécessité de ce militantisme : Nous nous sommes unie.x.s autour d'un féminisme révolutionnaire qui ne reproduit pas d'oppressions. Le CFPF se réunit en mixité choisie sans mec cis genre et cette décision a été unanime dès la première réunion. Il rassemble des personnes de la HETS, de la HEG, de la HEAD, de l‘UNIGE, de l'HEDS, de l'AMR et de l'HEPIA. Nous parlons de grève féministe et non de grève des femmes car nous souhaitons faire une analyse des rapports de pouvoir qui traverse notre société en termes de genre et non en termes de sexes. Nous portons un féminisme trans*-inclusif et nous estimons que les personnes non cis-genre ont un rôle important dans cette grève. Nous avons choisi les termes de «personnes en formation» et non «d’étudiante.x» car nous souhaitons montrer que les revendications que nous portons visent à changer les structures hiérarchiques de tous nos lieux de formation et ainsi renverser les rapports de pouvoir qui sont les terreaux fertiles du harcèlement sexiste. Au vu de la marée des revendications propres aux lieux de formation, nous avons choisi de développer quatre axes thématiques, réalisables dans de brefs délais par les directions, et qui permettraient d'avoir un impact concret sur la vie des personnes en études. Le premier axe tourne autour du langage inclusif qui est particulièrement important dans des lieux de formation où le savoir - et donc la construction de nos mentalités, passent par le langage. Ainsi nous exigeons une utilisation systématique et appropriée du langage inclusif non-binaire dans les milieux de formation qui nous inclut tous.x.tes. 
Partant du constat que les enseignant.e.x.s ne sont généralement que très peu conscient.e.x.s des dynamiques de pouvoir genrées et qu'ielles occupent des positions idéales pour reproduire des oppressions systémiques, nous demandons une formation obligatoire et gratuite concernant ces questions. Pour vivre et étudier dans un cadre bienveillant et inclusif, nous demandons aussi une obligation des mesures de protection contre le harcèlement sexuel et sexiste. Enfin, concernant l'axe thématique des espaces, nous exigeons des toilettes inclusives car nous ne nous reconnaissons pas dans un système binaire des genres ; des produits hygiéniques en distribution et gratuits, et des espaces en mixité choisie qui peuvent servir de lieux d’allaitement, de repos, d’espaces safe de discussion avec des permanences d’écoute pour les victimes de harcèlement. Ces quatre revendications ont été présentées à notre Assemblée Générale du 17 avril qui a réuni plus de 150 personnes et qui a permis de voter la grève dans les lieux de formation à l’unanimité ! Aujourd'hui, nous continuons à nous organiser pour une grève étudiante vénère et pour des lieux de formations safe et inclusifs. Lors de cette grève, nous demanderons pour la dernière fois des lieux de formations féministes. La prochaine fois, nous les prendrons.

[1] L’utilisation du «x» permet d’inclure les personnes non-binaires et transgenres.

[2] Respectivement Haute école de travail social, Haute école de gestion, Haute Ecole d’art et de design, Université de Genève, Haute école de santé, Association pour l’encouragement de la musique improvisée et Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture.
 
Ce texte a également été publié in : Le Courrier, 23 mai 2019.